Romulus le Grand de Friedrich Dürrenmatt

Résumé :

C’est sans doute le comique absolument irrésistible de la farce qui réjouit d’emblée. Imaginez le dernier empereur de Rome qui, désabusé, néglige la conduite de l’empire, au profit de la conduite bien plus jubilatoire d’un élevage de poules. L’aviculture comme palliatif à la dictature. Dürrenmatt s’amuse, il s’en donne à coeur joie. Mais comme l’écrivain est grand, la farce n’est qu’un prétexte et les mots deviennent profonds, ils se font inquiets, ils se nourrissent de la folie des années de guerre et de totalitarisme, à l’issue desquels ils ont été écrits. Cinquante ans après sa parution, l’avertissement visionnaire de Dürrenmatt déconcerte encore et toujours, malheureusement. Les pensées uniques de cette fin de siècle l’ignorent avec arrogance. Les répliques de Romulus n’en sont que plus poignantes. Cependant, grâce à l’entremise décapante de l’humour, la pièce de Dürrenmatt nous invite à porter un regard d’homme libre sur le monde.

Intention :

"J’ai découvert cette pièce en 1986. J’ai été surpris (et séduit ! ) par l’écriture dépouillée, décapante, qui sert parfaitement l’alliage entre burlesque et pensée philosophique qui caractérise le texte. Depuis lors, l’idée de monter Romulus ne m’a plus quitté.   Par la suite, j’ai constaté que cette pièce n’était que très rarement montée en français à ma connaissance, alors qu’elle l’est beaucoup plus en allemand. Autre surprise : l’ensemble de l’oeuvre théâtrale de Dürrenmatt est étonnamment peu jouée en Suisse romande et quasiment inconnue en France ; alors qu’en Suisse alémanique et en Allemagne les pièces de Dürrenmatt ont été presque toutes portées à l’écran.   Mais ce que j’aime avant tout, c’est l’audace du propos : Romulus le Grand est une pièce sur le choix d’un homme, sur sa responsabilité. Responsable, Romulus l’est car il donne une réponse à une situation dramatique (la fin d’un empire, le déferlements des Barbares). Réponse surprenante cependant, car allant à l’encontre d’une pensée unique distillée depuis la nuit des temps par ses pairs (une vision très traditionnelle du pouvoir, de ses objectifs et des moyens de les atteindre. Réponse surprenante enfin, puisque guidée par l’intelligence d’un homme de coeur. Je vois dans ce choix courageux, dans cette audace, dans cet engagement sacrificiel (il perdra tout, les siens et le pouvoir) la trame véritablement forte de Romulus le Grand.

    Peu importe de savoir quelles prolongations contemporaines l’on trouvera à ce texte. L’exercice me paraît stérile. Beaucoup seront séduits par l’écriture acérée de Dürrenmatt. D’autres apprécieront la furieuse drôlerie de la parabole, drôlerie qui rend encore plus puissantes les paroles du poète. En fin de compte, c’est bien plutôt notre époque, riche en pensées uniques et en idéologies, qui va à la rencontre de ce texte prémonitoire écrit au lendemain de la seconde guerre mondiale." Jean Godel.

L'Auteur : Friedrich Dürrenmatt (1921 / 1990)

Friedrich Dürrenmatt est né le 5 janvier 1921 à Konolfingen dans l'Emmental (Canton de Berne); son père était pasteur. Il passe sa jeunesse à Berne où il étudie la littérature allemande et la philosophie. En 1946, il interrompt ses études, épouse l'actrice Lotti Geissler et décide de se consacrer désormais à l'écriture. Ses trois enfants viennent au monde à Bâle et à Gléresse. A cette époque, il obtient ses premiers succès d'auteur dramatique avec Les Fous de Dieu pièce jouée au Théâtre de Zurich qui produit un véritable scandale. En 1952, il s'installe à Neuchâtel, dans sa maison du Pertuis-du-Sault. C'est dans le calme et l'isolement que Dürrenmatt réalisera son oeuvre monumental. Après la mort de sa première femme, Dürrenmatt épouse en 1984 l'actrice et réalisatrice Charlotte Kerr. Il meurt d'une crise cardiaque le 14 décembre 1990.

    Dürrenmatt influencera le théâtre de langue allemande jusque dans les années soixante. Ses pièces constituent un miroir du monde, dans lequel la tragédie, se mêlant à la comédie, débouche très souvent sur le grotesque. Ses pièces, dont les plus connues sont La Visite de la vieille dame, Romulus le Grand et Les Physiciens nous interpellent sur le comportement moral de l'individu et de la collectivité sans toutefois nous proposer une morale "tranchée". Il nous laisse souvent aussi désemparé face à ses oeuvres que face à notre vie même. La "pensée dramaturgique" de Dürrenmatt combine les questionnements portant sur la théorie de la connaissance, les sciences physiques et naturelles et la philosophie de l'existence. Il les transpose littérairement en des "actions-types".

    Dans la seconde partie de sa vie, Dürrenmatt publiera un ensemble de textes autobiographiques et d'essais dont la "Mise en Oeuvre" et "l'Edification" forment l'élément central.

L'Equipe

Mise en scène Xavier Florent

Avec : Jean Godel, Frédérique Farina, Céline Césa, Vincent Planchon, Cédric Dorier//Guillaume Lancestre, Olivier Périat//Jean-Pierre Pouvreau, Olivier Sabin//Emmanuel Ducluzeau, Lionel Frésard, Jérôme Dupleix, Xavier Brousse, Stéfania Pinelli//Isabelle Schwob.

Costumes : Thierry Dafflon // Scénographie : Nathalie Barras // Lumières : Claude Currat.

Documents

 

Dossier de Presse // critiques

Costumes

hors ligne

Les Photos

hors ligne