La Comédie des Proverbes de Carmontelle

Résumé :

La vaste production littéraire de Carmontelle (on possède 139 proverbes et 83 comédies) allait toute entière au monde aristocratique qui s'était emparé du jeu dramatique comme d'un plaisir personnel. Ce monde jouait et se regardait jouer sans voir combien cet auteur le croquait avec malice. Ces princes s'encanaillaient à jouer leurs propres valets, leurs paysans et les bourgeois, permettaient à Carmontelle de mettre en scène toutes les couches sociales de son époque.

Avec ces deux programmes : A LA VILLE et A LA CAMPAGNE, nous pouvons voir combien l'oeuvre de Carmontelle est actuelle. Une société joue la société dans tous ses états. La composition de bourgeois parvenus et vulgaires, de médecins doctes et pourtant ignares, d'ecclésiastiques rodomonts, de vieillards masquant sous couvert de bon sens économiques leur besoin d'étreintes juvéniles et leur avarice, l'obsession des gouvernants à vouloir être artiste et la nécessaire filouterie du peuple.

1er programme : A la Ville // Le Seigneur Auteur, Les Deux Chapeaux, La Médaille d'Othon, Le Portrait, Le Distrait, L'Etranger.

2ème programme : A la Campagne // Les Ennuis de la Campagne, Criardus et Scandée, Le Malentendu, Le Seigneur du Village Amoureux, Le Faux Empoisonnement, L'Histoire.

Le proverbe dramatique, jeu de société.

Carmontelle, mieux que tout autre a su définir ce qu'est le proverbe dramatique : "le proverbe dramatique est donc une espèce de comédie que l'on fait en inventant un sujet, ou en se servant de quelques traits de quelque historiette, etc. Le mot du proverbe doit être enveloppé dans l'action, de manière que si les spectateurs ne le devinent pas, il faut, lorsqu'on le leur dit, qu'ils s'écrient : "Ah ! c'est vrai", comme lorsqu'on dit le mot d'une énigme que l'on n'a pu trouver."

L'Auteur : Louis Carrogis (dit Carmontelle // 1717-1806)

Louis Carrogis, fils de cordonnier d'origine ariègeoise, est né à Paris en 1717. On ne sait rien de lui jusqu'à l'âge de 38 ans où on le retrouve, sous le nom de monsieur de Carmontelle, au service du duc d'Orléans ( petit-fils du Régent ), dans ses premières fonctions de dessinateur, lecteur et amuseur. Pour distraire ses protecteurs dans les longues garnisons de la guerre en dentelles, il lève des plans militaires et caricature toute la dragonnaille de l'armée. De retour à Paris, il se distinguera dans la bonne société en faisant le portrait de toutes les célébrités du temps ( de délicieuses petites aquarelles où le sujet est toujours représenté de profil ). Ces portraits sont pour la plupart conservés aujourd'hui au musée Carnavalet ou à celu de Chantilly. Le plus connu est celui qui représente le petit Mozart au piano avec toute sa famille. Et c'est à Carmontelle que Voltaire commandera la fameuse gravure qui fera le tour de l'Europe pour la souscription en faveur de "la malheureuse famille Calas"!

Amuseur, il fera l'invention de ses "transparents" : une machinerie ingénieuse, placée à contre-jour des fenêtres, constituée de deux grandes bobines qui se dévident et qui préfigure en quelque sorte les lanternes magiques et les dessins animés.

Plus tard il en vendra le brevet à Catherine II de Russie, ce qui adoucira quelque peu la misère de ses vieux jours.

Mais c'est surtout par ses PROVERBES que Carmontellle acquerra ses propres lettres de noblesse.  Les proverbes sont de petites scènes, parfois agrémentées de couplets , écrites dans un style trés quotidien, retraçant le plus fidèlement des petits haut-faits de la vie courante dans tous les milieux sociaux. Ce sont plutôt des canevas, prétextes à improvisations. Ils étaient joués dans les salons par les nobles, et ce fut même une mode qui fit fureur dans la seconde moitié du XVIIIème siècle, dans ce temps qui allait engendrer les bouleversements sociaux que l'on sait. Mais, outre le fait que, par leur diversité et leur multiplicité , les proverbes finissaient par être un miroir fidèle d'une société en voie de décomposition, ils devaient leur triomphe immédiat parce que c'était un jeu. Certains nobles étaient acteurs amateurs ( ils interprétaient tous les rôles, depuis eux-mêmes jusqu'au bas peuple ) et les autres, en tant que spectateurs, devaient deviner le PROVERBE illustré par l'improvisation ( un peu comme dans le jeu des métiers ) .

Cette vogue des proverbes durera jusqu'au 19e siècle et Alfred de Musset s'en emparera ( On ne badine pas avec l'amour, Il ne faut jurer de rien, Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée ) allant même dans On ne saurait penser à tout jusqu'à emprunter presque mot pour mot certaines scènes du Distrait de notre cher Carmontelle. A la mort du duc d'Orléans, Carmontelle se retrouvera naturellement au service de son fils, Philippe - ce même Philippe d'Orléans, qui, plus tard, sous la Révolution, sera député de la Montagne sous le nom de Philippe- Egalité, ami de Robespierre, et qui votera la mort de son cousin Louis XVI, entraînant par son choix un grand nombre d'indécis.

C'est pour Philippe d'Orléans que Carmontelle dessinera les plans du parc Monceau à Paris - une conception baroque s'inspirant des ruines de plusieurs civilisations antiques. Après Thermidor, Carmontelle passera encore entre les gouttes ( de sang ) et finira retiré et pauvre dans un petit logement de la rue Vivienne où il mourra le 26 décembre 1806, âgé de 89 ans, sous le règne de Napoléon. Complètement inconnu aujourd'hui, Carmontelle fut longtemps au répertoire de la Comédie Française. Nous avons un programme de 1937 où l'on y présente deux de ses meilleurs proverbes : Le Veuf et Le Seigneur Auteur.

L'Equipe

Mise en scène Xavier Florent

Avec : Frédérique Farina, Isabelle Gremaud, Manuela Ostini, Isabelle Schwob, Xavier Brousse, Jérôme Dupleix, Lionel Frésard, Jean Godel, Guillaume Lancestre, Jean-Pierre Pouvreau, Yann Pugin et Olivier Sabin.

Costumes : Thierry Dafflon // Scénographie : Nathalie Barras // Toiles peintes : Karin Gil Esteban // Lumières : Claude Currat // Construction Décors : José Rodriguez.

Documents

 

Dossier de Presse // critiques

Plaquette-Dossier // La Comédie des Proverbes

Les Photos

hors ligne

Documents // Carmontelle

ici